Les assouplissements prévus par le ministre sont loin de faire l’unanimité.
Déjà le numéro 2 du ministère de l’Education l’a laissé tomber mercredi
dernier, et voilà que le Conseil Supérieur de l’Enseignement vote
majoritairement contre son décret, complémentaire du décret Peillon sur les
rythmes scolaires.
La seule solution qu’il reste au ministre face à cette réforme
inadaptée: l’abrogation !
Une démission qui témoigne d'un
désaveu.
Mercredi 30 avril Jean-Paul Delahaye claque la porte du ministère de l'Education Nationale.
Le directeur général de l'enseignement scolaire (Dgesco) était pourtant un
rouage essentiel de la machine.
Au lendemain du
remaniement, Jean-Paul Delahaye avait déjà dit au successeur de
Vincent Peillon qu'il partirait en "juin ou juillet
2014" en retraite anticipée, mais Benoît Hamon aurait souhaité qu'il
reste un peu plus.
Le directeur général formait un
véritable duo avec Vincent Peillon pour qui il tenait toutes les manettes en
coulisse. C'est notamment lui qui a façonné la loi de refondation de l'école,
c'est lui aussi qui a bâti la réforme des rythmes scolaires.
Il ne peut donc pas cautionner les changements
voulus aujourd'hui par le nouveau ministre, selon France Info et Atlantico. Jean-Paul Delahaye a préféré s'en aller en prenant soin
d'envoyer un mail d'adieu à ses collaborateurs.
Benoît
Hamon a en effet annoncé des aménagements lors de son arrivée au ministère. Un
décret complémentaire doit permettre aux communes d'adapter cette réforme. Ce
nouveau texte a été présenté lundi devant les syndicats en Conseil supérieur de
l'éducation.
Jean-paul Delahaye a préféré partir avant ce Conseil qu’il devait
présider, handicapant franchement le ministre.
En effet, le directeur général
de l'enseignement scolaire maîtrisait tous les dossiers et rouages du
ministère. Il a travaillé pour Martine Aubry pendant la primaire socialiste, avec Jack Lang et enfin avec Vincent
Peillon pendant près d’un an et demi.
Il avait été nommé à la Dgesco le 21 novembre 2012.
Inspecteur général de l'éducation nationale, il est titulaire d'un doctorat en
sciences de l'éducation. Il a occupé tous les postes du système éducatif, de
professeur en collège à inspecteur d'académie dans la Seine-Saint-Denis avant
d'être nommé inspecteur général.
Farouche militant de l'école du socle, il aurait aimé
faire plus avancer ce dossier durant son passage Rue de Grenelle.
« Symboliquement, ce départ précipité ne
trompe personne » affirme Le Monde.
Homme droit, au service de l'école depuis quarante ans,
pédagogue dans l'âme, il vivait sans doute très mal l'idée de devoir présenter
devant les partenaires de l'école un texte qui détricote pour partie ses deux
années de travail aux côtés de Vincent Peillon. Une évidence, pour qui a
fréquenté cet homme d'une extrême rigueur morale.
Pourtant, l'entourage
de Benoit Hamon assure à l'Express que
le départ de Jean-Paul Delahaye n'est en rien lié aux aménagements apportés
à la réforme, et relève de raisons "personnelles".
Le Figaro souligne que le
départ de Jean-Paul Delahaye pourrait
être lié à la position du gouvernement concernant les questions éducatives.
"Jean-Paul Delahaye n'a rien personnellement contre Hamon. Il en veut
surtout à François Hollande, qui ne s'est jamais intéressé à l'Éducation nationale", et qui "considère qu'à partir du
moment où il a mis 60 000 postes d'enseignants sur
la table, il n'est plus question d'entendre parler d'éducation pour
le reste du quinquennat", explique l'historien Claude Lelièvre, cité par
le quotidien.
Pour Benoît Hamon, c’est encore plus un coup dur, car
il n’a pas de solution de rechange. Du jamais-vu Rue de Grenelle. « Cette
vacance est une catastrophe du point de vue du fonctionnement du ministère, et
un vrai problème politique » selon Le Monde.
Depuis 5 jours, Benoit Hamon est à la recherche d'un nouveau
directeur général de l'enseignement scolaire.
Officiellement, la nouvelle est accueillie calmement. "Il sera remplacé dans les
jours qui viennent", dit-on au ministère.
Officieusement, la gauche n'a toujours pas reconstitué de vivier de cadres supérieurs capables de tenir des postes clés.
Officieusement, la gauche n'a toujours pas reconstitué de vivier de cadres supérieurs capables de tenir des postes clés.
Décidément,
la réforme des rythmes scolaires n'est
pas sans conséquence rue de Grenelle.
Parents, collectivités et syndicats majoritairement opposé à ces aménagements.
Le Conseil supérieur de l'éducation
(CSE) a rejeté, lundi 5 mai, le projet de décret complémentaire sur les rythmes scolaires introduisant
des assouplissements pour les communes qui peinent à mettre en place la semaine de quatre jours et demi
dès septembre.
Le texte a recueilli
31 voix contre,
27 abstentions,
et 3 voix pour.
Dans le détail, la FCPE, la FSU, FO, CGT,
SUD, le Snalc et la FAGE se sont prononcés contre, selon une source syndicale.
L'UNSA, le SGEN, l'UNL et
l'UNEF se sont abstenus,
et la PEEP, la Ligue de
l'enseignement et Jeunesse au plein air (JPA) ont voté pour.
UN VOTE
NON CONTRAIGNANT POUR LE GOUVERNEMENT
Le gouvernement n’est
pas tenu par l’avis de cette instance qui est seulement consultatif. Le décret
entrera en vigueur lorsqu’il sera publié au Journal officiel, probablement en
fin de semaine.
Ceux qui ont voté
contre ont pu le faire pour des raisons opposées, avec chacun sa vision idéale
de la réforme, a souligné le ministère, pour qui le texte, fruit de trois
semaines et demie de consultations, permettra d’appliquer la réforme partout en
septembre.
Sans surprise, le texte a ensuite été
rejeté dans l'après-midi au Comité technique ministériel (CTM), où siègent
organisations syndicales et représentants du ministère, avec
- 10 voix contre (FSU, CGT, Sud, FO),
- 5 abstentions (Unsa Education, Sgenc-CFDT),
- aucune voix pour ni refus de vote.
- 10 voix contre (FSU, CGT, Sud, FO),
- 5 abstentions (Unsa Education, Sgenc-CFDT),
- aucune voix pour ni refus de vote.
UN
PREMIER DÉCRET DÉJÀ REJETÉ
Rappelons que le premier décret sur les rythmes, proposé par
Vincent Peillon le 8 janvier 2013, avait été rejeté au CSE, avec 5 voix pour,
30 abstentions, 23 votes contre et 14 refus de votes, sans recueillir
aucune voix de syndicats d’enseignants, ni de fédérations de parents. Le
premier décret avait également été rejeté par le CTM.
Face à une
telle situation le ministre devrait prendre la mesure qui s’impose
Cette réforme soulève tellement de malaises et de dysfonctionnements que Mr Hamon serait bien sage d’écouter et de « retirer » son décret et celui de son prédécesseur.
C’est ce que demande dans Libération
le Parti de Gauche.
«Hamon
coule à pic», «Benoît Hamon est ridiculisé dès sa prise de fonction», estiment les deux responsables du PG, François
Cocq, secrétaire général du PG, et Magali Escot, responsable éducation.
«Les
cadres et les hommes changent, mais le rejet de la politique gouvernementale
s’accentue de jour en jour. Là où Manuel Valls subissait un vote de confiance
conditionnelle, Benoît Hamon se heurte à un vote de défiance certaine. (...)
Benoît Hamon apprend à ses dépens qu’à vouloir territorialiser l’école de la
République, il se retrouve dans un no man’s land», estiment-ils.
Loin des
débats partisans,
les Gilets Jaunes rejoignent tout de même cette position
et
revendiquent plus que jamais l’abrogation de ces décrets
afin qu’ait lieu une
réelle concertation.
"Combat du coeur"
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